Le jeudi 19 janvier 2017, Caroline Barry qui a co-rédigé le Rapport de l’INSERM sur l’ostéopathie, donnera une conférence à 19h30, à l’Espace Andrée Chedid, 60 rue Général Leclerc, 92130 Issy-Les-Moulineaux.
Même si la plupart des patients consultent d’abord leur médecin traitant en cas de problème, les Français sont de plus en plus nombreux à quitter le cadre balisé des soins conventionnels et à se laisser séduire par l’acupuncture, l’ostéopathie, la méditation, l’hypnose… Quelle est l’efficacité de ces thérapies non conventionnelles? Les essais cliniques permettent-ils d’apporter des preuves ? Doit-on / Peut-on les évaluer comme on évalue l’efficacité d’un médicament ?
Les avis sont loin d’être unanimes au sein de la communauté scientifique médicale. Le fait est, qu’il y a eu jusqu’à maintenant très peu d’essais cliniques en France sur ce sujet…
Le Rappport de l’INSERM sur l’ostéopathie
Sur la base de sa spécialisation dans l’évaluation des psychothérapies, l’unité 669 de l’Inserm est chargée
par le ministère de la Santé, d’évaluer l’efficacité des thérapies non conventionnelles. Pilotée par le pédopsychiatre et biostatisticien Bruno Falissard, elle compte déjà sept rapports d’expertise à son actif : acupuncture, auriculothérapie, ostéopathie, biologie totale des êtres vivants, jeûne, chiropraxie, et mésothérapie.
Toutefois, pour les thérapies manuelles (ostéopathie, chiropraxie, acupuncture…), « peu d’études peuvent être effectuées en double aveugle, les thérapeutes sachant évidemment ce qu’ils délivrent, dit Bruno Falissard. Par ailleurs, la relation patient-praticien revêt une grande importance dans ces médecines, ce qui limite la pertinence des essais randomisés. » Puis, s’engage une discussion avec les thérapeutes pour déterminer le degré d’homogénéité de la pratique expertisée. Les ostéopathes, par exemple, utilisent une bien plus grande diversité de techniques, en raison de la diversité des formations, que les chiropracteurs.
L’efficacité de l’ostéopathie est-elle prouvée ?
L’examen de la littérature scientifique visant à jauger l’eostéopathie donne pour l’instant une conclusion nuancée. Les 17 essais cliniques sélectionnés par l’unité de l’Inserm montrent, pour leur part, que « les réponses qu’apporte l’ostéopathie sont potentiellement efficaces dans les douleurs d’origine vertébrale, mais sans supériorité prouvée par rapport à la prise en charge courante (utilisation de médicaments analgésiques ou d’anti-inflammatoires), indique Caroline Barry. Pour les autres pathologies (digestives, ORL, respiratoires, neuropsychiatriques…), les études sont trop rares ou possèdent des limites méthodologiques trop importantes pour que des conclusions fiables puissent être tirées. Enfin, le risque d’accidents graves (accident vasculaire cérébral) consécutifs à une manipulation des vertèbres cervicales est faible, mais réel. »
Démontrer l’efficacité de l’ostéopathie comparativement aux autres traitements reste une difficulté car « les effets dépendent essentiellement de l’habileté du praticien impliqué et de la maîtrise de son art, plaide Serge Toffaloni. C’est ainsi que des résultats totalement contradictoires ont pu être publiés, en Europe, à des dates différentes, dans le même périodique, en raison même de la qualité des exécutants recrutés. »
Source : Dossier Sciences et Santé N°20, réalisé par Philippe Testard-Vaillant.
Comments are closed.